Samuel Beckett et Walter Benjamin : (In)Humanité et barbarie
Proposition de contribution à :
Beckett et le non-humain
Congrès international organisé par la Vrije Universiteit Brussel, VUB
(Centre for Literary and Intermedial Crossings)
en collaboration avec l’Universiteit Antwerpen (Centre for Manuscript Genetics)
7 & 8 février 2019
Location : Vrije Universiteit Brussel (U-residence, Campus Etterbeek)
Titre : « Samuel Beckett et Walter Benjamin : (In)Humanité et barbarie »
Résumé (301 mots) :
Je me propose de penser la dimension « non-humaine » de l’œuvre de Beckett en l’articulant avec la notion de « barbarie » chez Walter Benjamin.
Le personnage beckettien est à l’image de l’homme moderne tel que Benjamin le définit dans « Expérience et pauvreté[1] », un homme « sans expérience », en ceci qu’il n’a plus rien à transmettre, et qu’il n’a plus que cette « pauvreté » pour seul bien, ce qui l’oblige « à reprendre à zéro, […] à construire avec presque rien ». L’artiste moderne en est réduit à se focaliser non plus sur l’expression d’une « vie intérieure » devenue insignifiante, mais sur la forme de son œuvre, et à construire « des espaces dans lesquels il est difficile de laisser des traces », afin de « se libérer de toute expérience » et de « faire valoir [sa] pauvreté, extérieure et finalement intérieure […], si clairement et si nettement qu’il en sorte quelque chose de valable » : une nouvelle façon d’être « humain », qui résulte du « désensorcellement » de la notion d’« humanité ».
Tout en m’appuyant aussi sur les analyses de Leskov et de Kafka que propose Benjamin vers la même période, je montrerai que la barbarie ainsi entendue caractérise assez bien le projet général de Beckett, tel qu’il transparaît par exemple dans L’Innommable, mais aussi qu’elle éclaire d’un jour nouveau des procédés comme les pastiches de la rhétorique scolastique (ex. Watt), et des thèmes comme l’astrologie et le yoga (ex. Murphy et Molloy), autant de phénomènes, parmi d’autres, dans lesquels Benjamin voit les traces matérielles de la disparition d’une certaine idée de ce que c’est qu’être un homme.
Auteur :
Jean-Michel Gouvard, Professeur de Langue et de Littérature françaises à l’Université Bordeaux Montaigne (France). Site professionnel : https://jmgouvard.wixsite.com/gouvard
Co-organisateur avec Dominic Glynn (IMLR, University of London) des journées d’études Performing Beckett/Jouer Beckett, 22-23 mars 2017 (Bordeaux) & 12-13 octobre 2017 (Londres), https://jmgouvard.wixsite.com/performingbeckett
Publications à venir (peer-reviewed articles) :
« Watt de Samuel Beckett et la France des années 1940 », Essays in French Literature and Culture, n° 55, à paraître en 2018.
« Beckett and propaganda posters: a new source for Waiting for Godot », Journal of Romance Studies, à paraître en 2019.
Communications récentes :
“Waiting for Godot in 1953: Performance and reception”, journées d’études Performing Beckett/Jouer Beckett, IMLR, University of London, 12-13 octobre 2017, https://jmgouvard.wixsite.com/gouvard/single-post/2017/10/11/Waiting-for-Godot-in-1953-Performance-and-reception
“Corresponding with Beckett in French”, colloque Corresponding with Beckett, School of Advanced Study, University of London, 1-2 juin 2018, https://jmgouvard.wixsite.com/gouvard/single-post/2018/06/07/Download-my-paper-%C2%AB-Corresponding-with-Beckett-in-French-%C2%BB-PDF
[1] Walter Benjamin, « Expérience et pauvreté », in Œuvres II, Paris, Gallimard, p. 364-372. Toutes les citations sont extraites de cet article.