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Séminaire - Politique du roman québécois contemporain

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L’intitulé de ce séminaire est une allusion à l’ouvrage de Jacques Rancière, Politique de la littérature[1]. Le terme « littérature » y renvoie aux textes littéraires qui s’écrivent aujourd’hui, par opposition à ceux que l’histoire et les institutions socio-culturelles ont consacré sous le terme de « belles lettres », consacrant par la même une certaine idée de la littérature, du monde et du réel, et l’imposant comme « la » conception dominante, voire exclusive de tout autre. Force est de constater, pourtant, que bien des textes littéraires qui s’écrivent aujourd’hui ne cadrent pas avec cette « idée » des « belles lettres », et qu’ils lui opposent des formes alternatives de littératures, de mondes, et de réalités. C’est en ce sens que la littérature est « politique », non pas parce qu’elle traite nécessairement de sujets qui le sont, mais parce que, en se démarquant des « belles lettres », elle se constitue en un objet autonome, qui échappe à l’idéologie dominante, qui lui résiste, proteste contre elle, et permet, ce faisant, de re-connaître le monde, et de re-prendre possession de soi et du réel.

L’objectif de ce séminaire est de faire découvrir le roman québécois d’aujourd’hui à travers trois textes littéraires « résistants », dans le sens positif et constructif qui vient d’être défini :

  • Maquillée de Daphné B. (édition québécoise : Marchand de feuilles, 2020 ; édition française : Grasset, 2021) ;

  • Mille secrets mille dangers d’Alain Farah (édition québécoise : Le Quartanier, 2021 ; édition française : Le Quartanier, 2022) ;

  • Hongrie-Hollywood Express d’Eric Plamondon (édition québécoise : Le Quartanier, 2011 ; édition française au Livre de Poche : 1984. Hongrie-Hollywood Express / Mayonnaise / Pomme S : 2022 – cette édition de poche regroupe trois romans d’Eric Plamondon qui forment une trilogie, sous le titre général de 1984).

Très novateurs en ceci qu’ils inventent chacun leur propre forme, afin de servir au mieux les intentions de leurs auteurs, ces romans ont en commun de questionner la place du sujet et la difficulté à être soi dans les sociétés consuméristes et hypermédiatisées contemporaines, où les images véhiculées dans l’espace public tendent à se substituer à la réalité du monde et à sa violence, à normaliser les comportements, et à imposer des règles qui sont d’autant mieux admises qu’elles ne sont plus même perçues comme telles. Par ailleurs, au-delà des interrogations sociales et politiques qu’ils soulèvent, ces romans proposent chacun à leur manière une réflexion sur la place de l’artiste dans les sociétés post-modernes, et sur le rôle que la création artistique peut encore y jouer.

A noter : Une des idées qui dirige ce séminaire étant que la littérature ne doit pas éloigner du monde mais permettre d’y revenir, et une autre qu’il vaut mieux rencontrer des écrivain.e.s que d’en parler de loin, les trois auteur.e.s participeront chacun.e à une séance du séminaire. Il sera possible de leur poser toute question sur leur œuvre, et sur le métier d’écrivain.

La bibliographie critique sera indiquée en septembre. L’essentiel est de lire avant la rentrée les œuvres inscrites au programme.

 

[1] Jacques Rancière, Politique de la littérature, Paris, Galilée, 2007.

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SEMINAIRE BECKETT 2021-2022, MASTER R.E.E.L., UNIVERSITE BORDEAUX-MONTAIGNE

Oh les beaux jours¸ Tous ceux qui tombent et La dernière bande de Samuel Beckett,

ou comment (ne pas) se souvenir du passé

 

    Ce séminaire a pour objectif de faire découvrir le théâtre de Samuel Beckett à la charnière des années 1950-1960, à travers Tous ceux qui tombent (1957), La dernière bande (1958) et Oh les beaux jours (1961). Ces pièces problématisent chacune à leur façon la question, centrale chez l’auteur, du rapport au passé, en interrogeant le rôle que jouent les souvenirs et l’expérience dans la construction de soi – construction qui, chez Beckett, est plutôt une déconstruction, qui affecte tout autant l’individu et l’univers dans lequel il vit, que le texte littéraire qui les représente.

    L’étude de Tous ceux qui tombent, La dernière bande et Oh les beaux jours permettra également de replacer ces pièces dans la dynamique propre à l’œuvre théâtrale de Samuel Beckett, laquelle s’étend de la seconde moitié des années 1940 au début des années 1980, et n’a cessé d’évoluer par ses techniques et ses procédés. Il peut donc être intéressant de lire ou de visionner En attendant Godot et Fin de partie, les deux autres pièces qui, avec Oh les beaux jours, sont les plus connues de l’auteur, mais aussi des titres plus tardifs, comme Pas moi, Catastrophe ou encore L’Impromptu de l’Ohio (disponibles sur Youtube, par exemple, mais aussi sur le site de l'INA: https://www.ina.fr). De même, nous verrons que les pièces au programme traitent, sous une forme dramaturgique, de thèmes qui sont aussi au cœur de l’œuvre romanesque de Samuel Beckett, en particulier avec des textes comme L’Image, L’Innommable et Comment c’est, et qu’ils perdurent jusque dans ses dernières compositions, telles que Mal vu mal dit, Soubresauts ou Compagnie, lesquelles restent assez inclassables d’un point de vue générique, puisqu’elles oscillent entre roman, prose poétique et scénographie. Il ne s’agit pas de lire toutes ses œuvres en sus de celles inscrites au programme (bien que cela ne soit pas interdit non plus), mais de choisir certaines d’entre elles, selon ses préférences, afin de réellement découvrir Beckett à l’occasion de ce séminaire.

    En ce qui concerne les lectures critiques, quelques références, qui seront complétées au cours du semestre :

  • Clément, Bruno, L'Œuvre sans qualités: rhétorique de Samuel Beckett, Paris, Le Seuil, 1994.

  • Grossman, Evelyne, L'Esthétique de Samuel Beckett, Paris, Sedes, 1998.

  • Hubert, Marie-Claude, Langage et corps fantasmé dans le théâtre des années cinquante. Ionesco, Beckett, Adamov, Paris, José Corti, 1987.

  • Hubert, Marie-Claude, Lectures de Samuel Beckett : En attendant Godot, Oh ! Les beaux jours, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

  • Knowlson, James, Beckett, Nîmes, Actes Sud, collection « Babel », 1999.

  • Noudelmann, François, Beckett ou la scène du pire, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1998.

Et, pour ceux et celles qui lisent l’anglais :

  • Haynes, John, and Knowlson, James, Images of Beckett, Cambridge University Press, 2003.

  • O’Brien, Eoin, The Beckett country. Samuel Beckett’s Ireland, Black Cat Press, Dublin, 1986.

N.B. : Toutes les œuvres de Samuel Beckett sont publiées aux Editions de Minuit. Certaines d’entre elles sont disponibles en « double », la collection de poche de l’éditeur.

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