Vient de paraître : "'Voyage à travers l'impossible', une féerie scientifique ?", Itinéraires, numéro spécial sur "Le Merveilleux scientifique en spectacle", 2025 (2023-3).
- Jean-Michel Gouvard
- 5 mai
- 3 min de lecture
Le dernier volume de la revue Itinéraires est consacré au "merveilleux en spectacle", sous la direction de Claire Brel-Moisan. J'y contribue avec une étude consacrée à une féerie de Jules Verne qui a été longtemps oubliée, "Voyage à travers l'impossible, une féerie scientifique ?".
Référence bibliographique :
Jean-Michel Gouvard, « Voyage à travers l’impossible, une féerie scientifique ? », Itinéraires [En ligne], 2023-3 | 2025, mis en ligne le 24 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/itineraires/16425 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13u4s
Résumé :
Voyage à travers l’impossible est présentée par la critique comme une pièce qui, tout en ayant des « visées scientifiques » procède « comme les bonnes vieilles féeries », ce qui peut paraître paradoxal. Après avoir rappelé la place qu’elle occupe dans l’œuvre de Verne, je montre que la scénographie de cette pièce favorise un merveilleux d’ordre folklorique et mythologique, au détriment du réalisme scientifique, afin de ménager les effets les plus spectaculaires, mais que certaines connaissances ou hypothèses scientifiques sont néanmoins convoquées de manière ad hoc si elles permettent de produire de tels effets. Je poursuis en suggérant que ce qui caractérise cette féerie est, plutôt qu’un « merveilleux scientifique » proprement dit, un imaginaire « merveilleux » de type ruiniste et décadentiste, nourri de représentations scientifiques, et des inquiétudes qu’elles ont fait naître au sein de la société.
Abstract :
If we trust in reviewers, Journey through the Impossible was perceived as a scientifically oriented play as well as a good old “féerie”, what seems a paradox. After contextualizing the play among Verne’s works, I show that its scenography is based in most cases on fantastic elements, inspired by folklore and mythology, instead of scientific ones. But the play occasionally presents specials effects, inspired by scientific knowledge, when it helps to please the audience. In the end, it will appear that the marvelous imaginary of the play is a decadent one, rooted in science, rather than scientific one strictly speaking.
Mots-clés:
Keywords :
Introduction :
« Ce qui nous plaît particulièrement dans la pièce fantastique de la Porte Saint-Martin, leVoyage à travers l’impossible, c’est qu’avec ses visées scientifiques elle procède bel et bien comme les bonnes vieilles féeries. » C’est par ces mots que, dansL’Illustrationdu 2 décembre 1882, Sayigny ouvre la chronique qu’il consacre à la dernière pièce de Jules Verne et Adolphe d’Ennery, créée le 25 novembre au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Tout en en soulignant l’ambition scientifique, qui est étroitement associée à l’époque avec l’idéal positiviste et l’idée de progrès (Bouveresse, 2011 ; Letté, 2004 ; Petit, 2016), le critique la rattache aux « bonnes vieilles féeries » qui hantaient les théâtres de la capitale depuis le début du siècle (Martin, 2007), ce qui semble aussi heureux que paradoxal à ses yeux. L’objet de cet article sera de déterminer dans quelle mesure et selon quelles modalités les représentations scientifiques qui ont inspiré Verne et d’Ennery ont été transposées dans la scénographie de la pièce. Nous verrons que si un merveilleux d’ordre folklorique et mythologique est privilégié afin de produire des effets spectaculaires, certaines connaissances et hypothèses scientifiques sont néanmoins convoquéesad hoc, lorsqu’elles permettent de produire de tels effets, ce qui nous conduira à caractériser plus précisément la nature du « merveilleux scientifique » sous-jacent à la pièce.
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