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Vient de paraître : "Charles Baudelaire et 'Les Femmes d'Amérique'", in "Le XIXe siècle à la loupe. Hommage à Steve Murphy", éd. Judith Wulf, Classiques Garnier, 2024, pp. 127-139.

Je viens de publier un article intitulé "Charles Baudelaire et Les Femmes d'Amérique" dans le volume dirigé par Judith Wulf, Le XIXe siècle à la loupe. Hommage à Steve Murphy, Paris, Classiques Garnier, 2024, pp. 127-139.


Résumé :

Cet article montre que le compte-rendu des Femmes d’Amérique d’Anselme Bellarigue que publia Barbey d’Aurevilly le 26 janvier 1855 dans Le Pays a suffisamment marqué Baudelaire pour qu’il en retienne deux thèmes centraux, la cupidité des femmes américaines et la perte de toute spiritualité par contraste avec les « peuples jeunes », un paradigme qu’il réemploie entre 1857, dans ses Notes nouvelles sur Edgar Poe, et ses tout derniers écrits.


Abstract :

This article shows that Barbey d'Aurevilly's review of Anselme Bellarigue's Femmes d'Amérique, published in Le Pays on 26 January 1855, left a sufficiently strong impression on Baudelaire for him to retain two central themes from it: the greed of American women and the loss of all spirituality in contrast to the 'young peoples', a paradigm that he re-used between 1857, in his Notes nouvelles sur Edgar Poe, and his very last writings.


Mots-clés:

Charles Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Edgar Allan Poe, Etudes culturelles, Genre.


Key-words :

Charles Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Edgar Allan Poe, Cultural studies, Gender.


Introduction :

Dans ses Notes nouvelles sur Edgar Poe, parues en 1857 chez Michel Lévy, en tête de la première édition des Nouvelles Histoires extraordinaires, Charles Baudelaire se lance dans une digression contre « le progrès, cette grande frénésie de la décrépitude ». Cela le conduit à opposer à la notion de civilisation celle de sauvagerie – et non celle de « nature », qui « ne fait que des monstres » – et à avancer que « si l’on veut comparer l’homme moderne, l’homme civilisé, avec l’homme sauvage, ou plutôt une nation dite civilisée avec une nation dite sauvage, c’est-à-dire privée de toutes les ingénieuses inventions qui dispensent l’individu d’héroïsme, qui ne voit que tout l’honneur est pour le sauvage ? » Il avance plusieurs arguments pour le démontrer, affirmant entre autres que « le prêtre qui offre au cruel extorqueur d’hosties humaines des victimes qui meurent honorablement, des victimes qui veulent mourir, me paraît un être tout à fait doux et humain, comparé au financier qui n’immole les populations qu’à son intérêt propre », propos qu’il soutient d’une citation : « J’ai trouvé une fois dans un article de M. Barbey d’Aurevilly une exclamation de tristesse philosophique qui résume tout ce que je voudrais dire à ce sujet : "Peuples civilisés qui jetez sans cesse la pierre aux sauvages, bientôt vous ne mériterez même plus d’être idolâtres !" » (Baudelaire, 1976, 324-326). Or cette phrase n’apparaît nulle part sous la plume de Barbey, même altérée. Jacques Crépet a néanmoins suggéré qu’elle était inspirée du compte-rendu incendiaire que l’écrivain publia le 26 janvier 1855 dans Le Pays, au sujet d’un ouvrage d’Anselme Bellegarrigue, Les Femmes d’Amérique, paru en 1853 chez Blanchard (Crépet, 1957, 33-42). La charge de Barbey occupe presque toute la partie haute de la troisième page, tandis que, après un encart signé Emile Levasseur sur la grippe, figure dans le bas de page un épisode du Roi peste de Poe, « traduit par Ch. Baudelaire », qui paraissait alors en feuilleton dans le journal. Il est donc très probable que Baudelaire ait lu ce compte-rendu, et, Le Roi Peste étant l’une des pièces collectées dans les Nouvelles Histoires extraordinaires, il semble naturel qu’il s’en soit souvenu alors qu’il en rédigeait l’introduction. Je souhaiterais toutefois montrer que les résonances du compte-rendu que Barbey consacre aux Femmes d’Amérique de Bellarigue vont au-delà, et ont nourri chez le dernier Baudelaire une certaine vision du « sauvage » et de l’homme moderne.


Lien vers le site de l'éditeur : cliquez ici.



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