Séminaire Samuel Beckett: De "L'Innommable" à "Comment c'est"
La fermeture des universités françaises me conduit à enregistrer les prochaines séances de mon séminaire consacré à Samuel Beckett. A cette occasion, j'ai décidé de mettre en ligne la première partie d'une séance dédiée à Comment c'est, qui porte sur le parcours de Beckett dans les années 1950, de L'Innommable jusqu'à l'écriture de ce roman. J'y analyse entre autres "On le tortura bien", Pochade radiophonique et Fragment de théâtre II.
La séance du 3 novembre est disponible en suivant ce lien.
Voici la description générale du séminaire:
Samuel Beckett, Molloy, Comment c’est, et Compagnie : le roman en questions
Ce séminaire est consacré à l’œuvre romanesque de Samuel Beckett. Le programme porte sur trois textes qui correspondent à trois étapes essentielles dans le parcours de l’auteur : Molloy (1947-1948), Comment c’est (1959-1960) et Compagnie (1979-1980). Chacune de ces œuvres relève de ce que l’on appelle « l’avant-garde » ou la « littérature expérimentale ».
Ecrit dans les années de l’après-guerre, Molloy raconte une quête identitaire qui prend la forme d’une métamorphose. Bien que le récit soit totalement fictif, il n’en reflète pas moins la propre transformation de l’auteur qui, à la sortie de la guerre, s’invente une éthique et une esthétique qui lui correspondent enfin pleinement, et qui orienteront toute son œuvre à venir.
Inspiré par L’Enfer de Dante et les textes de Sade, Comment c’est oscille constamment entre roman et poésie en prose. Ce récit met en scène un narrateur condamné à ramper dans une boue noirâtre, seul ou aux côtés d’autres compagnons d’infortune, voués comme lui à une errance sans fin. Malgré son caractère irréaliste, cette œuvre, composée durant la guerre d’Algérie, est aussi un plaidoyer contre la torture telle que la pratiquait l’armée française dans ce pays – ce qui en fait l’un des textes les plus politiques de Samuel Beckett.
Compagnie est l’un des derniers titres publiés par l’auteur, et l’un de ceux dont l’appartenance générique est des plus problématiques. Donnant la parole à un narrateur mal défini, dont la voix n’est pas sans rappeler celles des personnages plus ou moins fantomatiques que Beckett a mis en scène dans les pièces de théâtre qu’il a écrit au cours des années 1970, le texte oscille sans cesse entre fiction et autobiographie, et préfigure les procédés auto-fictifs qui sont devenus depuis assez courants dans la littérature contemporaine.
Dans le cadre du séminaire, nous dégagerons les convergences et les divergences qui existent entre ces œuvres, afin de caractériser aussi bien les constantes de la démarche littéraire de l’auteur que son évolution au fil des années, et la recherche créatrice que traduisent ces pratiques.
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